Ce soir à minuit, la campagne électorale du premier tour de l’élection présidentielle 2012 se termine. Je vous adresse quelques mots pour conclure cette phase. On a beaucoup critiqué cette campagne, dit qu’elle passait à côté des vrais enjeux, qu’il s’agissait d’un « petit cru ». Ce n’est pas mon sentiment : je pense au contraire que l’enjeu de ce 22 avril est essentiel, décisif. Revenons d’abord sur quelques caractéristiques du débat qui s’achève aujourd’hui.
Notre peuple est mûr, lucide, il n’accepte pas cette fois de se laisser bercer d’illusions, d’écouter les slogans qui claquent. Il veut juger ses élus sur leur crédibilité, leur action
L’élection 2012 est, en premier lieu, une élection de crise. La France qui s’apprête à voter dimanche est en effet durement marquée par le choc économique et social qui frappe le monde, l’Europe plus encore, notre pays fortement. Chômage de masse, désindustrialisation galopante, compétitivité en berne, injustices explosives, identité républicaine mise en cause, modèle social abîmé : tel est le paysage, la toile de fond de cette consultation. On comprend, dans ces conditions, le scepticisme ou la prudence de beaucoup de Français. Je préfère pour ma part y voir de l’exigence, ainsi que le refus, dans un contexte exceptionnellement difficile, grave, des promesses, des solutions toutes faites, des lendemains qui chantent. Notre peuple est mûr, lucide, il n’accepte pas cette fois de se laisser bercer d’illusions, d’écouter les slogans qui claquent. Il veut juger ses élus sur leur crédibilité, leur action. On comprend, dans ces conditions, qu’il y ait encore, à cette heure, des hésitations, des réflexions en tout cas.