Texte proposé par Pierre Moscovici et une première liste de signataires
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Le 28 mai, le Parti socialiste a adopté à l’unanimité son projet pour 2012. Cette échéance est le résultat d’un travail riche, d’une réflexion intensive, de beaucoup d’écoute mutuelle et d’une recherche constante de bases communes et de solutions. A l’heure où le chapitre des primaires et des candidatures s’ouvre, il faut rendre hommage aux centaines de citoyens, d’experts, de militants, qui ont contribué au succès des différentes conventions.
Tout ne fait pourtant que commencer. Cette base posée, chacun sait que le plus difficile est devant nous. Chacun a conscience de la situation politique exceptionnelle que nous traversons, des épreuves qui nous attendent jusqu’à l’élection. Chacun connait la situation économique particulièrement grave de l’Europe, à l’orée possible d’une nouvelle crise financière de grande ampleur. Chacun d’entre nous devra donc être à la hauteur de la situation. Les primaires auront un sens si elles permettent aux sympathisants de gauche de choisir entre des visions de la France, de son avenir, de l’évolution de son économie, de sa voix dans le monde. Elles seront délétères si elles se résument à des enjeux de personnes, au « narcissisme des petites différences ».
Quelle gauche voulons-nous ? C’est la question préalable à la réussite de l’année qui vient. Les difficultés de la social-démocratie européenne démontrent que le renouvellement de notre offre politique est nécessaire, tant sur le fond que sur la forme. Alors que la crise financière de 2008 aurait dû sonner le glas d’une droite largement complice de l’idéologie dérégulatrice, assumant la primauté des forces du marché sur l’engagement des Etats, qui a posé les bases de la catastrophe économique que nous connaissons, les partis sociaux-démocrates continuent à obtenir des résultats électoraux décevants. Les défaites enregistrées en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède, en Italie, à l’Est de l’Europe ou encore en Espagne ont dessiné une domination de la droite européenne inédite depuis la Première guerre mondiale.
Ces difficultés ont pu pousser certains à analyser l’échec de la social-démocratie comme la conséquence de son fourvoiement. La gauche de gouvernement se serait vendue au capitalisme comme on va à Canossa, passant du compromis à la compromission. Il n’y aurait, à cet égard, pas d’autre solution que de renier ce compromis, de retrouver la voie d’un radicalisme nouveau. La tentation de refuser la nouvelle complexité du monde et de la mondialisation en versant dans le radicalisme protestataire n’épargne pas plus la gauche que la droite.
C’est une facilité à laquelle nous nous refusons.
Pour la plupart d’entre nous, notre sensibilité politique réformiste s’est construite autour de Dominique Strauss-Kahn à partir de 2002. D’autres nous ont rejoints depuis. Pour tous, elle a été au cœur du combat pour les idées, analysant, réfléchissant, proposant sans cesse, au service de nos idéaux et de la France. Toujours, nous avons maintenu notre philosophie d’action, celle qui nous voit plonger nos mains et nos pensées au cœur du système pour le transformer. Toujours, nous avons donné la priorité aux idées sur les calculs politiciens et la tentation de la démagogie. Toujours, nous avons eu la volonté d’innover, d’inventer de nouvelles réponses de gauche à la mondialisation ainsi qu’aux transformations sociales et économiques.
Cette audace de l’innovation, c’est notre moelle épinière, ce qui structure notre action et notre cohésion. Elle avait vocation à alimenter la démarche soutendant la candidature que nous souhaitions. Il nous revient de reprendre ce flambeau, et d’affirmer que ces idées, ces convictions doivent toujours être au cœur des échéances de 2012 et de l’espoir de meilleurs lendemains. C’est pourquoi nous voulons ici les rappeler et les porter. Ce texte se veut comme un point de repère et un ensemble d’exigences qui, sans présager des candidatures qui seront effectivement déposées à partir du 28 juin, nous semblent devoir structurer le débat des primaires.