Retrouvez ci-dessous le dernier extrait de mon livre « Combats – Pour que la France s’en sorte », paru chez Flammarion. Avec ces quinze extraits de mon livre publiés sur ce blog, j’ai souhaité vous donner un aperçu des enjeux sur lesquels j’apporte ma vision, que ces enjeux soient directement liés à ma fonction de ministre de l’Economie et des Finances ou plus personnels, notamment sur les convictions qui portent mon engagement politique, au service des Français. Je vous invite à lire ce dernier extrait et – si vous le souhaitez – à poursuivre la lecture de ce livre.
Extrait 15 : la fin.
Ce mardi-là, je pense au livre que j’écris, à cette année et demie derrière nous, à l’action qui reste à conduire.
Toute ma vie, j’ai réfléchi, en politique, à la société comme peu ou prou organisée en classes, pour partie opposées entre elles pour le contrôle des ressources économiques, mais où l’État pouvait massivement intervenir.
Je pense aussi à une phrase définitive d’Alain Touraine, grand et vieil ami de mon père, père aussi de mon amie Marisol Touraine, aujourd’hui ministre des Affaires sociales – la vie organise des chassés-croisés curieux et parfois heureux – relue récemment : « La société n’existe plus. » Une phrase qui éclaire une évolution majeure pour l’homme de gauche que je suis. Toute ma vie, j’ai réfléchi, en politique, à la société comme peu ou prou organisée en classes, pour partie opposées entre elles pour le contrôle des ressources économiques, mais où l’État pouvait massivement intervenir. De là tous mes combats politiques, où la conquête de l’État et l’idéal de transformation sociale étaient indissolublement mêlés.
Mais la crise financière a fait apparaître que les classes sociales au sens classique n’existent plus, en tout cas que leur stratification s’est atténuée ou brouillée. Elle a démontré que l’État avait toujours un rôle éminent, stratégique, mais entièrement différent dans une économie globale qui met directement les salariés au contact des marchés. Elle a, surtout, installé en France une sorte de pessimisme un peu morbide, une contemplation européenne complaisante pour notre propre décadence historique, après une décennie de croissance molle.
Je me dis que le plus formidable des combats est engagé, et qu’il reste devant nous : comment redonner à la France entre deux rives l’envie de faire société ?