Avant-dernier extrait de la série de billets de blog vous proposant des extraits de mon nouveau livre « Combats – Pour que la France s’en sorte », je reviens aujourd’hui sur la crise financière et la « crise des lasagnes ».
Extrait 14 : la crise et les lasagnes
La vie matérielle détermine le périmètre du quotidien. L’économie de marché correspond à tout ce qui se surimpose à cette vie matérielle, par la dynamique des échanges, et notamment du commerce.
En allemand, il existe une forme de proverbe qui dit que l’homme est ce qu’il mange, « Der Mann istwas er isst », l’allemand permettant un jeu de mots entre « être » et « manger ». C’est de ce proverbe que part Fernand Braudel pour, dans La Dynamiquedu capitalisme, expliquer pourquoi il a commencé son Identité de la France en s’intéressant notamment à la nourriture des hommes du Moyen Âge et de la Renaissance : parce qu’au bout des aliments, il y avait en fait des routes commerciales qui dessinaient la carte du monde. La nourriture quotidienne était ainsi le lien entre deux concepts fondamentaux dans ses travaux : la vie matérielle et l’économie de marché. La vie matérielle détermine le périmètre du quotidien, qui représente dans les sociétés occidentales l’essentiel de l’activité. L’économie de marché correspond à tout ce qui se surimpose à cette vie matérielle, par la dynamique des échanges, et notamment du commerce. En résumant, Braudel montre la transition vers les sociétés « modernes » par la réduction progressive du périmètre de la vie matérielle statique et, à l’inverse, l’extension du champ de l’économie de marché.
Quel rapport avec les malheureuses lasagnes dans lesquelles on a pu retrouver de la viande de cheval ? En fait, je vois là la démonstration que l’analyse de Braudel est éclairante pour comprendre la dynamique contemporaine.