Dimanche 10 juin, les Français voteront pour le premier tour des élections législatives. La campagne, force est de le constater, a été peu animée, et une abstention élevée est annoncée par tous les instituts de sondage. Et pourtant, il s’agit d’une consultation essentielle, à laquelle je participe à la fois comme candidat et dans ma fonction gouvernementale. A 48 heures du scrutin, je veux en souligner les enjeux.
D’expérience, ayant été ministre de Lionel Jospin entre 1997 et 2002, je sais ce que représente la cohabitation. Elle signifierait un affaiblissement de la France, confrontée à la paralysie.
Le premier enjeu est bien évidemment national : il s’agit d’éviter une cohabitation qui serait mortifère et de donner au Président de la République, François Hollande, la majorité dont il a besoin pour mener à bien le changement. La droite, divisée, affaiblie, prétend pouvoir et vouloir gagner. D’expérience, ayant été ministre de Lionel Jospin entre 1997 et 2002, je sais ce que représente la cohabitation. Elle signifierait un affaiblissement de la France, confrontée à la paralysie. Même lorsqu’elle se produit – ce fut le cas pour François Mitterrand, par deux fois, puis par Jacques Chirac, à l’époque du septennat et à l’occasion d’une sanction législative d’un Président en fonction depuis quelques années – elle ne permet pas une conduite unifiée et efficace des affaires du pays, elle nous pénalise en Europe et dans le Monde. Si elle devait survenir au début d’un quinquennat, ce qui n’est jamais arrivé, et qui plus est dans une période de crise aigüe, elle aurait des conséquences plus que dommageables pour la France, son rayonnement, son audience.
les législatives peuvent corriger ou amplifier la majorité du Président, elles ne peuvent pas la nier, sauf à vouloir immobiliser l’exécutif
Voilà pourquoi l’évoquer procède, d’une certaine façon, de l’irresponsabilité. C’est de bonne guerre, évidemment – comment, sinon, mobiliser un camp qui vient de perdre l’élection reine, la présidentielle ? – mais c’est contraire à la logique même des institutions de la Vème République, encore renforcée par la mise en place du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, qui fait précéder les élections législatives par la consultation présidentielle : les législatives peuvent corriger ou amplifier la majorité du Président, elles ne peuvent pas la nier, sauf à vouloir immobiliser l’exécutif.